Certains pensent qu’on se la pète,
A raconter qu’on est poète,
C’est pourtant bien tout le contraire,
Tant de cela mieux vaut se taire.
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Dès qu’on sait que vous écrivez,
On pense que vous dérivez,
Entre le rêve et la folie,
Cherchant dans le vers votre oubli.
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On vous pense dans les nuages,
La tête toujours en voyage,
A croire que c’est dans la lune,
Que se trouve votre fortune.
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On vous prend pour quelque Pierrot,
Aux allures de zingaros,
Toujours prêt à prêter sa plume,
A tout zigoto qui subsume.
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On vous imagine aux sommets,
A composer que des sonnets,
Remplis de rimes et de strophes,
N’annonçant que des catastrophes.
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On croit vous voir, tout en trouvères,
A enfoncer des porches ouverts,
En racontant des rhapsodies,
Où tout déjà a été dit.
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On vous associe à Rimbaud,
A vous gaver de déverbaux,
Pour redonner à tous vos verbes,
Cette douleur qui s’exacerbe.
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Et on vous lorgne tout en coin,
Sachant que d’un peu de benjoin,
Vous réveillerez Baudelaire,
A travers son vocabulaire.
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On vous pense aussi bien maudit,
A braver tous les interdits,
A vous complaire dans le spleen,
Délaissé par votre copine ;
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On vous perçoit en aquatinte,
Ivre de Cognac et d’absinthe,
A ne fumer que de l’opium,
Au bord d’un tremens délirium ;
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Et on vous croit un peu homo,
A être prêt, pour de bons mots,
Comme Verlaine, pour le talent,
A partir avec un galant.
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Alors si c’est cette aquarelle,
Que vous avez des ménestrels,
Vous avez pour la poésie,
Tous les symptômes de l’hérésie.
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août 2013